Wednesday, February 04, 2009

Timothy Leary : L'éternelle philosophie du chaos

Depuis plusieurs millénaires il est apparu basique que la nature fondamentale de notre univers était d’une extrême complexité, un désordre inexplicable : cette splendeur mystérieusement enchevêtrée communément connue comme le Chaos. Les poètes hindous concevaient l’univers comme la danse de l’illusion dans les songes.

Les Bouddhistes, dans leurs paradoxes et leurs systèmes psycho-logiques, parlaient d’un vide qui est trop complexe ; peut-être un milliard de milliard de fois trop complexe pour être appréhendé par les processeurs alphanumériques (ABC123) de notre fonctionnement mental verbal.

Le poète philosophe Lao Tzu rappelait de façon quelque peu sardonique que le tao est inéluctablement cet enchevêtrement de complexités changeantes à la vitesse de la lumière, inaccessibles et insaisissables pour nos doigts comme pour nos puces qui s’appliquent à typographier des missives sur des claviers alphanumériques et des systèmes opératoires mentaux .

Socrate, ce démocrate Athénien fier et certain de sa valeur, a indécemment laisser s’échapper un dangereux secret lorsqu’il affirme « Le but de la vie humaine est la connaissance de soi-même. » Slogan qui est certainement le T-shirt le plus subversif flanqué par les humanistes sur le dos de l’humanité, ou la plus polémique des vignettes sur le pare-chocs de leur neuro-auto-mobiles

La pensée individuelle est le pêché originel des livres bibliques judéochrétienislamiques, , et des tentatives de sabotages du Chaos par l’autorité pour l’ordonner.

La première règle de tout système de contrôle est la banalisation diabolisation des concepts dangereux qui sont ceux du Soi, des Finalités Individuelles, et de la Connaissance personnelle. C’est une hérésie, une traîtrise, un blasphème que de penser par soi-même. Seuls les diables et les chétanes le font. Exposée la pensée créatrice devient un crime passible de la peine capitale.« Trois coup de lames et c’est bon » : voilà comment cela s’est passé pour des centaines de protestants durant l’inquisition orchestrée par la papauté romaine ; à noter que lorsque les protestants acquirent le contrôle d’une zone de Chaos il ne se sont pas privés de se livrer à des bûchers de sorcières.

Tout était très simple pour les pourvoyeurs de la loi morale. Là-haut sur la voie Olympienne et son parapet communautaire il y a les immortels dieux et déesses. Et puis nous, mortels insignifiants, traînant nos boulets dans nos appartements à loyers modérés.

L’idée d’individus, faits de choix qui constituent leur identité, semblait une pure folie, le cauchemar ultime : et ce, non seulement pour les bureaucrates autoritaires, mais également pour le sens commun libéral. Il faut juguler le Chaos !

Le moyen le plus courant d’apprivoiser et de domestiquer cette complexité qui nous entoure et d’inventer quelques Dieux « mordants », de préférence infantiles et d’établir quelques règles enfantines : « Honore ton père et ta mère etc. »Les règles sont simples et logiques. Obéir passivement. Prier. Travailler. Croire.

Et puis, loués soient les ennuyeux, ne laissons même pas exister l’idée terrifiante qu’il puisse exister dans cet univers de désordre et d’insignifiance des individus qui vont ça et là, en se demandant comment ils vont se constituer eux-mêmes en tant qu’individus.

Chaos engineering
Les premiers maîtres d’œuvre du Chaos ont certainement été les maîtres hindous, qui ont élaboré une méthode opérant sur le cerveau, et qui est le yoga. Pour cela ils ont créé un des grand manuels guide-pratique à cette fin : le livre des morts tibétain. Les taoïstes chinois ont enseigné certaines techniques visant à aller dans le sens des flux ; ne pas se cramponner aux idées-structure, mais changer, et évoluer. S’il y avait un message : restons zen, et ne paniquons pas. Le chaos est bon. Les possibilités qu’il peut créer sont infinies.

L’idée loufoque de Socrate, « Par toi-même c’est mieux », qui est à la base de la démocratie moderne, a été une version insolente, pragmatique et de bon sens des yogas hindous, bouddhistes et taoïstes. Souvenez vous où cela a mené le Tibet, l’Inde et la Chine ? Nulle part !

L’idée qui est dangereuse, c’est cette notion folle et mégalomane de « SAVOIR » qui définit l’humain asservit comme un penseur. Outrageuse outrecuidance. L’esclave est encouragé à devenir un philosophe. Le serf lutte pour le statut de psychologue. En puissance, des maîtres yogis ! C’est cette même hérésie qui explique pourquoi plus tard des évolutionnistes athées comme linnaeus et Darwin ont défini notre espèce de super-chimpanzés évolués comme Femina (voire Homo) Sapiens Sapiens .

Chaos. L’en Dehors

Durant des siècles un tabou des plus fanatiques a sévi à l’encontre du désir de comprendre propre aux sciences. Pourquoi ? A cause de la peur générée par le Chaos. Notre place, apparemment si insignifiante en la danse sidérale… Cette question est un affront tel pour les fanatiques du contrôle qui de façon si zélée, vaillante et sérieuse essayent de donner une direction au chaos, qu’ils en ont prohibé toute tentative intelligente de se cadrer en hors-champs de façon à fouiller cette complexité si éclatante. A un certain point, des dispositifs d’altération de la conscience comme le microscope et le télescope ont été rendus criminels pour le même raison qu’on a rendu criminel l’ingestion de plantes psychoactives quelques années ensuite. Ils rendaient possible d’explorer par l’œil de la pensée des fragments et des zones du Chaos. Galilée a connu la déchéance et Bruno a brûlé sur le bûcher pour avoir démontré que le Soleil ne pouvait pas tourner autour de la Terre. Les chaophobes religieux et politiques aspirent à ce que l’univers, ordonné de façon harmonieuse et agréable, se love autour d’eux. Au cours du siècle dernier la science a mis au point des techniques d’extensions de la sensorialité humaine, qui donnent une idée plus précise des complexités au sein desquelles nous évoluons, et qui sont à proprement parler de nature à faire revenir les morts. L’astronomie stellaire décrit l’univers avec de fascinantes multiplicités. Cent milliards de petits systèmes stellaires dans notre étroite galaxie, cent milliards de galaxie dans notre univers encore trébuchant.

Chaos. L’en dedans
Au cours des deux dernières décennies du vingtième siècle, les scientifiques ont commencé à étudier la complexité du cerveau humain. Là on peut parler de la présence du chaos ! Il en ressort que le cerveau est un réseau galactique de cent milliards de neurones. Chaque neurone est un système d’information aussi complexe qu’un de nos ordinateurs standards ; il est par ailleurs connecté à dix mille autres neurones. Chacun de nous est équipé d’un univers de neurocomplexité réellement insondable pour nos esprits alphanumériques. L’une de plus humiliantes failles concernant notre ignorance actuelle c'est justement ces potentialités du cerveau.

Humanisme : plans de tournois maritimes
L’observation du chaos nous laisse libres d’envisager notre tâche comme un devoir de comprendre, se réjouir et célébrer la charmante nature de l’univers dans son ensemble ; y compris la pure folie des nœuds gordiens dans nos cerveaux. L’activation du prétendu cerveau droit supprime les ultimes inhibitions de la compréhension du chaos, et fournit les fondements scientifiques pratiques de la philosophie humaniste : en nous encourageant au rassemblement en vue de façonner nos propres vues du Chaos.

Ces derniers mois, j’ai été habité par l’obsession de cette complexité extrême du tout dans son ensemble. Répondre à des questions simples dans une interview ou bien écrire un papier sur des questions abstraites exige de moi l’examen minutieux de mes points de vues actuels sur l’humanité et son évolution etc…

Ce que nous sommes, nous ne savons qui ni pourquoi, nous ne savons où ni quoi, ou même quand. Autant dire la terreur nocturne ! Agents aliénés, ignorants, commissionnés sans instructions préalables. Mon enthousiasme électrisant concernant le Grand Bordel (le Chaos) est bien sûr causé par le stade de sénilité avancée auquel je suis courageusement parvenu.

Une perte en termes de mémoire à court terme arrive lorsque l’on oublie se qui est en train de se passer et pourquoi l’on est là. Un gain en termes de mémoire à long terme laisse entrevoir les douloureuses perspectives de ce que l’humanité a pu proposer en matière de réponses étranges face au Mystère.

Ce dont je parle c’est de la trame par laquelle vous arpentez le chaos et modulez vos désordres intimes.

Sur des écrans

Avec vos outils cybernétiques

De vos perspectives contreculturelles

Au moyen de chimies informationnelles, les drogues du chaos

En pleines jouissances cyberotiques

Artistes de la guérilla

Dans l’exploration de dé-charges alternatives

Roulant sur les vagues des folies millénaires

Entrevoyant la gloire des impossibles et des improbabilités furieuses du siècle à venir.

Réjouissons-nous, car c’est avec nous-mêmes que l’on joue.




Paganisme high tech ou le cyber punk en tant qu’alchimiste moderne.

La génération du baby boom a grandi dans un monde électronique d’allumage/réglage (des années soixante à soixante-dix) sur des chaînes de télé et des ordinateurs individuels. Les cyberpunks, qui ont grandi dans les années 80 et 90, ont développé de nouvelles métaphores, rituels, de nouveaux modes de vie, pour envisager l’univers de l’information. De plus en plus d’entre nous deviennent des alchimistes du numérique, des chamanes de la logique floue. Il existe de nombreux parallèles entre la culture des alchimistes, et celle des cyberpunks adeptes des ordinateurs. Les deux exploitent la connaissance d’un arcane occulte, avec mots de puissance et de symboles secrets, et dont la majeure partie des gens ignorent l’existence. Les « symboles secrets » se composent des langages mathématiques et informatiques, alors que les « mots de puissance » guident les systèmes opérants de l’ordinateur pour mettre en forme ces tâches de nature herculéenne.

Connaître la codification précise du nom d’un programme informatique donne l’accès à sa mise en œuvre, qui transcende la difficile tâche musculaire ou mécanique de recherche. On retrouve des deux côtés apprentissage et rites d’initiation. On parvient au « triomphe psychique » des présences télépathes et des actions à distance par l’activation de cette fonction dans le sommaire du menu.

Les jeunes alchimistes numériques ont, à leur tableau de commandes, des outils d’une clarté et d’une puissance telle que leurs prédécesseurs n’auraient pas pu imaginer. Les écrans d’ordinateurs sont des miroirs magiques, qui re-présentent des réalités alternatives à différents degrés d’abstraction sur commande (invocation). La souris, ou le stylet de la tablette numérique, est comme la baguette magique qui canalise le bombardement des données sur l’écran d’affichage, et dirige la force créatrice des systèmes d’exploitation. Les vrilles des disques durs sont les pentacles transcrits au moyen de symboles complexes. Des tablettes terrestres pour recevoir des saisies de données « aériennes », et en résulte une électricité intellectuelle vrombissante des processeurs de programmation informatique. Les barrettes RAM de mémoire vive, sont littéralement une mémoire tampon (des fonds de régulation) ; le fluide, l’élément passif essentiellement apte à recevoir des empreintes et les retransmettre en les renvoyant.

Les langages par icônes des programmations virtuelles sont un tarot, le résumé en images de toutes les possibilités, activement divinatoires de par leurs juxtapositions et leurs influences les unes sur les autres. C’est une Table Périodique des possibilités, forme occidentalisée du Yi Ching oriental. Les langages traditionnels de programmations informatiques qui sont orientés par les mots, comme FORTRAN, CORBOL et les autres, sont une forme primitive dégénérée de ces systèmes universels, ou les grimoire des corporations guidés par la plus-value.

Les sessions database détaillée de l’activité des systèmes opérationnels forment de façon microsystémique les cahiers akashiques. Au niveau macroscopique, la somme de connaissance du « monde en réseau », le réseau hypertexte global d’information en ligne qui s’incarne dans la capacité de stockage des disques cd-roms et dans les aptitude de transmissions de données par les fibres optiques. La matrice cyberespace de William Gibson.

La transmutation personnelle (l'extase de l’ultime sabordage) est le but masqué de ces deux systèmes. Le satori d’une communication harmonieuse homme-ordinateur, qui s’en suit de cette involution sans fin dans les méta niveaux de projection du Soi, c’est le tribut de l’immaculée conceptualisation et des mise en œuvre des idées.

L’universalité du 0 et du 1 tout le long de l’histoire de la magie et de la religion; yin et yang, yoni et linguam, coupe et dague : se manifeste en notre ère par des signaux digitaux : les 2 bits étant sous-jacents à l’exécution de l’intégralité des programmes existant dans le monde, dans nos cerveaux et dans nos systèmes d’exploitation. En élargissant un peu, même la monade, symbole du changement et du Tao, est visuellement similaire à la superposition d’un 0 et d’un 1 de même que son axe central incurvé est étiré , de par l’action des forces centrifuges, à partir de la vitesse de rotation toujours croissante de la monade.



La cyberreligion des baby boomers
D’ici à l’an 2000, les préoccupations des individus nés au moment du boom des naissances après-guerre seront d’ordre numériques ou, (pour reprendre les anciens paradigmes) philosophiques et spirituelles. Durant leurs jeunesses ces individus se sont enivrés d’esprit, de façon quelque peu adolescente, et inégalée. Dans leur révolte contre l’usine culture, ils ont su réinventer leur monde partant de leurs racines tribales et paganes ; ils se sont initiés à l’Hindouisme, au Bouddhisme, à la sagesse des Indiens Natifs Américains, la Magie et à la Sorcellerie, Au Voodoo Ann Harbor, au Yoga Esalen, au Yi King et au Taoïsme, aux Exorcismes du Pentagone, à la réincarnation en 3D, Love-Inc, et aux célébrations psychédeliques.

Cette génération, souvenons-nous, a été désenchantée par les religions, les politiques, les fonctionnements économiques de leurs parents. Ils ont grandi sous la menace de la guerre nucléaire, vivant l’assassinat de leurs leaders bien aimés ; la crise des sociétés industrielles ; une dette intérieure impossible à rattraper ; les fondamentalismes religieux, (chrétiens juifs islamiques) hurlant fanatiquement leur haine et leur intolérance…Ils ont acquis des déficiences immunitaires, et devant une négligence incompréhensible de toute écologie, ils ont su développer une forme saine de scepticisme vis-à-vis des solutions collectives.

Que la génération du baby boom ait créé une psychologie des navigations individuelles, cela ne fait aucun doute. L’idée est à la base l’auto- responsabilité. Nous ne pouvons nous permettre de dépendre de quelqu’un d’autre pour résoudre nos propres problèmes. Commençons par le faire par nous-même… « with a little help from your friends »

La religion du « Do It Yourself »
Puisque Dieu numéro 1 est vraisemblablement retenu en otage de partout, par les Ayatollah perses assoiffés de sang, par le télégénique pape polonais et par la Moral Majority, alors il n’y a qu’une seule alternative logique. Sillonner son bout de chemin. Avec vos amis vous créez votre propre religion. Le Temple, c’est bien sûr votre corps. Vos esprits écrivent la théologie. L’Esprit Saint émane de cette intersection infiniment mystérieuse entre votre cerveau et les cerveaux de votre équipe. Parvenir ne serait-ce qu’aux banlieues du Paradis suppose une navigation correcte et une planification de votre part. L’enfer est une série de fautes qu’on peut racheter. Un détour dû à une défaillance de votre relecture du plan de parcours. Un cycle d’erreurs.

Rétribuez-vous en faisant que vos choix vous mènent à l’amitié et aux plaisirs. Créer un cycle cybernétique basé sur des engrenages positifs. Ce n’est que d’un état de libre authenticité que le moindre signal réellement empathique ne peut être émis vers les autres.

L’administration d’un état personnel
La gestion et le commandement d’une singularité mène à une carrière très occupée. Une fois l’individu s’est-il établi comme religion, pays, entreprise, réseau informel, et univers neurologique, il est nécessaire de stabiliser les équivalents personnels des services et des missions à l’œuvre dans cette démocratie. Cela implique de former des alliances privées ; et en exprimant des plate-formes politiques personnelles, de se diriger soi-même dans ses relations proches ou lointaines, d’établir des polices de transactions, des programmes de sécurité et de défense, des projets qui « instruisent et divertissent ». Pour le positif, on peut être libre de la dépendance envers les bureaucraties, bénédiction inestimable. (Des agents libres peuvent par ailleurs nouer des relations temporaires avec des organisations et leurs officiels) Si les pays ont une histoire et des origines mythiques, pourquoi pas vous aussi ?

Les Mythologies personnelles
Sondez et re-sondez votre propre banque génétique mémorielle, les anciens testaments de votre ADN y compris si vous le souhaitez les incarnations passées, les archétypes jungiens, des pré-incarnations funky dans tout futur possible à imaginer. Écrivez votre propre Nouveau testament; souvenez-vous que le martyre volontaire peut parfois être de mauvais goût; que les crucifixions, comme les guerres nucléaires, peuvent ruiner vos jours.

Il vous est possible, avec vos amis, de réaliser ce qu’au nom de leur dieux les grands empires, les grandes religions et les grands groupes raciaux ont pu réaliser. Et il est certain que vous le ferez mieux, vu le palmarès… Il serait impossible à votre Etat Personnel de produire autant de persécutions, de massacres et de comportement sectaires, actuels ou plus anciens. Il n’y a que vous, et même avec l’aide de vos amis, l’ensemble des nuisances que peuvent infliger des individus reste insignifiante comparativement à celles qui peuvent provenir du collectif.

Par ailleurs vous êtes les enfants des années soixante et quatre-vingt-dix. Formés à désirer un monde pacifique, tolérant en même temps que drôle. Vous pouvez vous permettre de façonner vos dieux subtils, plein d’humour, attirants et doux dingues.


Irrévérence, le code d’accès au vingt et unième siècle.
La société humaine est arrivée à un tournant dans la mise en œuvre des programmes numériques d’évolution, un stade auquel les prochaines étapes de l’évolution commencent à se dessiner. A surfer à loisir.

Dans un futur proche les méthodes des technologies de l’information, de l’ingénierie moléculaire, des bio et nanotechnologies (échelle de l’atome) des programmations quanta digitales pourrait faire que la physionomie humaine ne soit plus déterminée que par quelques lubie, mode, ou choix temporaire.

La sanctification de l’image de notre corps, en même temps que l’irrationalité des tabous relatifs au sexe et à la mort, semble persister en temps qu’un des anachronismes les plus résistants dans la pensée à l’ère industrielle. L’être humain du futur pourrait être un hybride bio-informatisé, de toute forme souhaitée, ou entité électronique dans l’univers informationnel digital.

L’humain comme programme. Ou l’humain dans les programmes
La forme de vie électronique qui correspond à la dimension de l’homme dans les programmes est plus étrange aux concepts actuels de notre humanité. Le stockage d’un système de croyance individuel sous la forme d’un ensemble structuré de données interconnectées, s’il est dirigé par les bons programmes, un appareil neuronal peut œuvrer dans la silice de la même façon qu’a pu se modéliser le cerveau dans la masse de chair, et en même temps plus rapidement, de façon plus prévisible et auto adaptative, enfin même, si on le souhaite tels les immortels.

Les post-humains intelligents non seulement seront capable de se transmuter eux-même de façon électronique, et ce sous la forme de virus informatiques aptes à traverser les réseaux informatiques en se repiquer eux-mêmes par mesure de garantie contre les suppressions volontaires ou accidentelles.

« _ Qu’y a t-il sur ce disque informatique ? » « _ Rien d’intéressant, jeune Leary. On va le reformater.»

Pour spéculer on peut imaginer que de telles formes humaines de type virus existent déjà en nos systèmes informatiques. Ces derniers conçus avec recherche, il serait extrêmement difficile, voire de fait impossible en pratique de pouvoir les détecter. Les programmes actuels ne permettent pas d’associer la vitesse opératoire de temps réel avec la complexité parallèle des cerveaux conventionnels. Or l’échelle temporelle d’une opération est subjective d’où non pertinente, sauf en terme d’interface.

Bien sûr, il n’y a aucune raison de restreindre une manifestation donnée à une forme particulière. A l’aide de contraintes physiques se réduisant au fur et à mesure( parfois peut-être au vu de restrictions économiques obligatoires), on pourrait être en mesure de pouvoir adopter toute forme désirée.

Vue la facile reproductibilité de l’information stockée de façon informatique, il pourrait être possible d’exister simultanément sous plusieurs formes. Fonctionnant de façon indépendante et présente à tout point de la branche, une intelligence persisterait sous chacune de ces formes. Où en ces circonstances les « je » sont une question pour les païens hi-tech et les philosophes numériques.

Blavatsky _Théosophes et théosophie

Qu’est-ce que la théosophie ?

Selon les philologues le terme de théosophie est composé de deux mots grecs ; theos le dieu et sophos, sage. Jusque là tout va bien. Or les explications qui suivent sont bien loin de donner une idée claire de ce qu’est la Théosophie. Webster la définit dans son origine comme "une relation supposée avec Dieu et les esprits supérieurs, et l’accession conséquente à une connaissance supra humaine, et ce par des processus physiques, comme lors de la théurgie opératoire pratiquée par certains anciens disciples de Platon, ou encore par des processus chimiques des philosophes du feu des Germains préchretiens.

Vaughan offre une définition bien meilleure, et plus philosophique : " Un Théosophe, dit-il, est quelqu’un capable de vous proposer une théorie de Dieu ou sur les oeuvres de Dieu, qui a pour base non une révélation, mais une inspiration de lui-même. Dans cette perspective, chaque grand penseur et philosophe est nécessairement un théosophe, surtout ceux ayant fondé de nouvelles religions, écoles de pensée ou philosophique, ou sectes. Cela signifie que les Théosophes et la Théosophie ont existé au moins depuis l’aube de la naissance d’un homme recherchant instinctivement les moyens d’expression de son opinion indépendante et autonome.

Il y eut des Théosophes dès avant l’ère chrétienne, nonobstant ce que les écrivains chrétiens ont pu décrire du développement du système Théosophique éthique de l’église (au début du troisième siècle). Diogène Laërce fait remonter la Théosophie à une époque antérieure à la dynastie ptolémaïque ; il désigne comme son fondateur un Hiérophante égyptien du nom de Pot-Amon, nom copte signifiant prêtre d’Amon, Dieu de la sagesse. On la voit revenir dans l’histoire avec Ammonius Saccas, fondateur de l’école néoplatonicienne. La fin et le but de Ammonius était de réunir toutes les sectes, tous les peuples et toutes les nations sous la loi d’une foi commune : la croyance en une Puissance Suprême, Eternelle, Inconnaissable et Innommable, régissant l’Univers par des lois immuables et éternelles. Son objectif était d’apporter la preuve d’un système primitif de la Théosophie, qui au départ était essentiellement semblable dans toutes les zones géographiques ; d’inciter les hommes à mettre de côté leurs luttes et leurs conflits, et de les unir dans leurs buts et leurs pensées en tant que les enfants d’une unique mère ; de purifier les religions anciennes, plus ou moins corrompues et embrouillées, de leurs déjections humaines, pour les unir, et les faire se déployer suivant de purs principes philosophiques. C’est pourquoi les systèmes les plus éminents , qu’ils soient Bouddhistes, Védistes ou Magiciens, ou Zoroastriens, étaient enseignés dans l’Ecole Theosophique Ecclectique en même temps que les philosophies grecques. C’est aussi la raison pour laquelle les plus grands Indiens et les plus grands Bouddhistes figurent parmi les plus anciens Theosophes d’Alexandrie ; dans leurs révérences aux parents et aux ancêtres ; une affection fraternelle pour la race humaine entière, et un sentiment de compassion pour les animaux même les plus dénués de conscience. En même temps que rechercher à établir un système de discipline morale qui renforçait chez les eux leur sens du devoir de vivre selon les lois de leurs pays respectifs ; d’exalter leurs esprits dans la recherche de la contemplation de l’absolue vérité ; l’objectif ultime, de tout premier ordre, était d’extraire des différents enseignements religieux, comme d’un instruments à plusieurs cordes, une mélodie harmonieuse et entière, qui trouverait enfin une réponse dans chaque cœur épris de vérité.

Il s’en trouve alors que la Théosophie est l’antique religion de Sagesse, la doctrine ésotérique qu’habitent tous les anciennes peuplades et civilisations. cette « Sagesse » que tous les écrits anciens nous relatent comme une émanation du principe divin ; et une claire compréhension s’en caractérise par des noms comme le Bouddha indien, le Neba de Babylone, le Thoth de Memphis, L’Hermès grec mais aussi dans les désignations de certaines déesses _ Métis, Neita, Athéna, la Sophia gnostique, et pour finir les Védas, du mot signifiant « savoir ». Les philosophes antiques, orientaux ou occidentaux, les Hiérophantes de la Haute Egypte, les Rishis d’Aryavart, les Theodiktatoi grecs incluaient sous cette appellation une connaissance des choses occultes d’ordre essentiellement divin.

L’idée centrale de la Théosophie éclectique était celle d’une essence suprême, inconnue et inconnaissable, car « comment pourrait-on connaître au-delà de la connaissance ? », comme interroge le Brihadaranyaka Upanishad. Leur système était caractérisé par trois postulats distincts : la théorie évoquée nommée théorie des essences; la doctrine de l’âme humaine_ émanation de cette dernière, d’où la même nature; et la théurgie qui s’y rattache. C’est enfin la science qui a conduit les Néo-Platoniciens à être si peu représentés lors de notre ère de science matérialiste. La théurgie étant essentiellement l’art d’appliquer les pouvoirs divins à l’homme dans l’œuvre de la subordination des forces aveugles de la nature, ses incidences se sont d’abord faites en termes de magie, déviation du mot magh signifiant un homme sage ou initié_ et aussi moqué.

La Théosophie moderne considère les choses de la même façon que la Théosophie antique en ce qui concerne les essences divines et la nature de l’âme et de l’esprit. Le populaire diu des nations indiennes, (vis-à-vis de l’arya sanskrit, signifiant noble, valide, digne de confiance, se réfère originellement aux peuples de l’antique Asie Centrale qui ont émigré en Inde, en Iran et en Europe, nde) était identique au lao des Chaldéens et même identique au Jupiter du plus vulgaire des philosophes romains ; il était simplement identique avec le Yahvé des Samaritains, le Tiv ou Tiusco des hommes nordiques, le Duw des Bretons et le Zeus des Thraces. Si l’on parle du Tout et Unique Essence absolue, on peut comprendre l’approche des Pythagoriciens grecs, des cabalistes chaldéens, ou de la philosophie aryenne en regard de cela ; car l’une ou l’autre de ces doctrines peuvent conduire à une forme Théosophique pure et absolue. Ainsi chaque Théosophe qui détient une conception de la Déité "qui n’est pas une révélation, mais l’inspiration d’elle-même en son principe," peut en acceptant les préceptes énoncés ci-dessus ou en faisant partie de telle ou telle religion, rester strictement inclue dans les frontières de la Théosophie. Car cette dernière revient en la croyance en une Déité en tant que le Tout, la source de chaque existence, l’infini qui peut être appréhendé ou compris, l’univers seul étant à même de pouvoir le révéler ou Lui donner un sens, si l’on préfère_ référence qui le rendrait sexué ,anthropomorphisme équivalent à un blasphème. Il est vrai que la Théosophie redescend brutalement dans la matière; elle préfère penser que, toute éternité retirée loin en lui-même, l’esprit ou la déité ne désire ni ne crée. Elle est une effervescence infinie qui produit toute chose visible ou non , un Rayon qui contient en lui même la force génératrice et créatrice, d’où émerge en retour ce que les grecs désignent sous le nom de Macrocosmos, les Kabalistes sous le nom de Tikkun ou Adam Kadmon_ l’homme archétypal, et les Aryens Purusha, Brahm manifesté ou encore l’homme divin. La Théosophie croit également dans l’Anastase ou existence continuelle, et dans la transmigration (évolution) par une série de transformation de l’âme qui par ailleurs peut être défendue et expliquée par de strict principes philosophiques ; et ce simplement en établissant la distinction entre Paramatma ( âme suprême et transcendantale) et Jivatma (âme animale ou consciente) des Védantins.

Pour définir la Théosophie dans son ensemble, il faut l’envisager sous l’intégralité de ses aspects. Le monde intérieur n’a pas été caché de toute obscurité impénétrable. Par cette intuition supérieure offerte par la Théosophia, science divine, qui transporte l’esprit du monde de la forme à un monde spirituel sans forme. Il est arrivé un peu partout et dans toutes les civilisations, que l’homme ait été capable de percevoir des choses des mondes intérieurs et des mondes invisible. D’où le « Samadhi » ou Dyan Yog Samadhi, des ascèses hindous, les Daimonion-photi« ou illuminations spirituelles des NéoPlatoniciens, les confabulations sidérales de l’âme chez les rosicruciens et philosophes alchimistes; même les états de transe mystique extatique en présence chez les mesmériens et les spiritualistes modernes sont de nature identique, aussi variés soient-ils en se manifestant. La recherche de l’homme du divin en lui, si souvent interprétée de façon erronée comme la communion individuelle avec un dieu personnel, était l’objet de toute mystique, et la croyance en la possibilité du divin dans l’homme était présente dès la genèse de l’humanité, chacun des peuples le désignant sous un autre nom . Par la réflexion, la connaissance de soi-même et par la discipline intellectuelle, l’âme peut être élevée jusque la vision d’une vérité d’une bonté et d’une beauté éternelle qui est la vision de Dieu - qui est l’epopteia selon les anciens grecs.« Pour unir une âme à l’âme universelle » dit Porphyre, « il est nécessaire d’être un esprit parfaitement pur. Dans la contemplation, la chasteté parfaite et la pureté du corps, il est possible d’en approcher plus près, et de recevoir, en cet état de conscience, une connaissance véritable et un flamboiement intérieur. » Ainsi, alors que le mystique aryen recherchait le pouvoir de résoudre les problèmes liés à la vie et à la mort, lorsqu’il avait acquis le pouvoir d’agir indépendamment de son corps, , au travers de l’Atman ou du moi « âme », les grecs anciens recherchaient Atmu _ L’Inrévélé, ou l’âme divine de l’homme, chargée du miroir symbolique des mystères Theosmophoriens. Les spiritualistes de notre époque croient en le pouvoir des esprits, ou des âmes défuntes, à communiquer visiblement et clairement avec ceux qu’ils ont aimé sur terre. Et tout cela, les yogi aryens les philosophes grecs et les spiritualistes modernes affirment que la possibilité que l’âme incarnée et son esprit non incarné _ le moi suprême, ne sont pas séparés de l’âme universelle ou des autres esprits par l’espace, mais surtout par la différenciation de leurs qualités; à la façon dont l’univers s’étend sans limites et ne peut avoir de contours. Ainsi les yogis (Patanjali) et sur leur chemin, Porphyre et les néoplatoniciens, soutenaient que durant leurs heures de transe, ils avaient été unis à Dieu, ou étaient entrés en communion avec lui plusieurs fois dans leurs vies. Cette idée, qui a été rejetée par de nombreux philosophes et qualifiée de chimérique, est erronée semble-t-il si on l’applique à l’esprit universel. Dans le cas des Théodiktatoi, le vrai point controversé et le point noir de la philosophie du mysticisme extrême, était son but de comprendre comme perception sensorielle quelque chose qui tient de la pure illumination spirituelle. Dans le cas des yogis, qui soutenaient pouvoir regarder Ishvara en face, cette logique a pu être démontée avec succès par la logique très stricte de Kapila. Les Théosophe Alexandriens se divisaient en Néophytes, initiés et maîtres, ou hiérophantes; et leurs lois s’inspiraient des Antiques Mystères d’Orphée, lequel, d’après Hérodote, les auraient ramenés de voyage en Inde. Ammonius contraignait ses disciples sous le sceau de la contrainte à ne pas révéler ses doctrines les plus hautes, sauf à ceux qui auraient fait preuve d’être des personnes initiées et de valeur, et qui auraient appris à considérer Dieux anges et démons des autres peuples selon hyponoia, ou signification subconsciente.« Les dieux existent, mais pas de la façon dont la multitude (oi polloi) les imagine ».dit Epicure. « N’est pas un athée celui qui nie l’existence des dieux vénérés par la foule, mais celui qui conçoit sur ces Dieux les mêmes choses que la multitude. » A son tout Aristote déclare que "l’essence divine se répand partout dans le monde de la nature, et la façon dont les Dieux se lèvent n’est que la série des principes premiers. Plotin, disciple d’Ammonius, « l’enseigné de Dieu », nous apprend que la connaissance secrète ou gnose apportée par la théosophie a trois degrés; l’opinion, la science et l’illumination. Les moyens ou instruments de la première sont la sensation ou la perception; ceux employés par la seconde, la dialectique; par la troisième, l’intuition. A cette dernière la raison est subordonnée; c’est la connaissance absolue, fondée sur l’identification de l’esprit avec l’objet connu.« La théosophie serait pour ainsi dire la science exacte de la psychologie, elle est en relation avec une forme de médiumnité naturel et non-conscient; la théosophie est à la psychologie ce que la connaissance d’un Tyndall est à celle d’un écolier en sciences physiques. Cela développe en l’homme une acquaintance directe ; »la réalisation en l’individu de l’identité de l’objet avec le sujet« , de sorte que sous l’influence initiatrice de l’hyponoia l’homme a accès a des pensées de l’ordre du divin, voit les choses telles que le réel les voit pour enfin »devenir un réceptacle de l’âme du monde« pour utiliser une des expressions de Emerson les plus pertinentes. Au delà de l’aspect psychologique, ou relatif à l’âme, la Théosophie s’est intéressée à chacun des domaines des sciences et des arts. Lorsqu’il ignore le sens véritable des symboles ésotériques présents dans la nature, un homme est à même de préjuger des pouvoirs de son âme, et au lieu de rentrer dans une communion psychique et spirituelle avec les esprits supérieurs célestes, les bons esprits (Dieux de la théurgie platonicienne) et sans même en avoir conscience d’invoquer les forces sombres et maléfiques enfouies en l’humanité ; créations sinistres et millénaires des vices et crimes de l’humanité _ c’est ainsi que l’homme risque de tomber de la théurgie (magie blanche) à la goétie (magie noire et sorcellerie). Pourtant ni la magie noire, ni la magie blanche ne sont ce que la superstition populaire comprends sous ces termes. La possibilité de faire se lever les esprits(selon les clés de Salomon) est le sommet de la superstition et de l’ignorance. Seule la pureté des actes et des pensées peut nous élever jusqu’à un rapport avec les dieux, et nous faire atteindre nos désirs.

Remarquons que des hommes comme Zoroastre, Bouddha, Orphée, Pythagore, Confucius, Socrate, ou Ammonius Saccas ne se sont jamais engagés à laisser de traces écrites. Et pour cause. La théosophie est une arme à double tranchant qui échoue à l’épreuve des orgueilleux et des ignorants. Comme toute philosophie antique elle connaît des disciples tardifs, parmi les modernes, mais jusque très récemment ils étaient peu numériquement, et appartenaient aux sectes et cercles d’opinions les plus variés.« Entièrement spéculative, et fondatrice d’aucune école, ils ont continué à exercer une influence silencieuse sur la philosophie, et sans doute lorsque l’heure viendra ces idées insufflées dans le silence pourraient pourtant orienter la pensée humaines vers des directions neuves » nous fait remarquer Mr Kenneth Mac Kenzie (IX°)…lui-même mystique et théosophe, au cours de son oeuvre qui fut dense et importante, L’Encyclopédie Maçonnique royale (articles Société Théosophique de New York et théosophie). Depuis l’époque des philosophes du feu, il ne s’étaient jamais regroupés en société, parce qu’à cause du clergé qui les traquait comme des bêtes sauvages, il y eut un temps, jusque récemment, ou être identifié comme théosophe revenait à la peine capitale. Les statistiques montrent que durant un siècle et demie, non moins de 90000 hommes et femmes furent tués sur le bûcher en raison de sorcellerie supposée... Ce ne fut que plus tard au cours du présent siècle (nous sommes en 1875) que des mystiques et spiritualistes éclairés commencèrent à prononcer ensemble des voeux, puis ils découvrirent qu’ils étaient loin d’occuper le terrain de tourte l’ampleur du phénomène et formèrent un groupe désormais largement connu sous le nom de Société Théosophique de New York, Etats-Unis. Après l’explication de ce qu’est la théosophie nous allons ensuite dans un article à part révéler quelle est la nature de notre Société, qui est également appelée Fraternité Humaine Universelle.

(Condensed from The Theosophist (1:1), October 1879, reprinted in H. P Blavatsky : Collected Writings, 2:87-97)

traduction achevée le samedi 05 août 2006 vers 16 heures

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