Friday, March 15, 2013

NEGATIVLAND : LES PRINCIPES DE LA LIBRE APPROPRIATION

LA LIBRE APPROPRIATION EST UNE CHOSE INEVITABLE lorsqu'une population matraquée par les médias électroniques rencontre les logiciels qui les encouragent à cette capture.


EN TANT QU'ARTISTES, notre œuvre engage à disposer certaines données qui sont publiquement disponibles et ont un impact dans la sphère publique, à les disposer pour les déplacer, parce qu'elles agrémentent notre environnement proche et affectent notre réceptivité. Dans notre société, les médias qui nous entourent sont tout aussi disponibles et tout aussi valables en tant que thématique artistique que ce qui est de la nature elle-même.

EN TANT QU'ARTISTES le caractère économiquement prohibitif de droits d'auteurs et la prohibition effective qui empêche d'obtenir les autorisations qu'il faut, lorsqu'un nouveau contexte ne va pas dans le sens de notre usage de samples, ne devraient pas amoindrir notre capacité de citer le monde des médias alentours pour s'en faire le reflet.

NOS APPROPRIATIONS sont multiples, évolutives, et fragmentaires par nature ; elles n'incluent pas d'œuvres entières.

NOTRE OEUVRE est un "tout" original et authentique, qui est bien plus que la somme des samples dont elle est faite. Ce n'est pas une forme de 'bootlegging", de "piratage" ou de "contrefaçon" qui aurait pour but de tirer profit du potentiel commercial des sujets appropriés. Il faut que la loi se confronte au problème d'établir la distinction entre une intention d'ordre artistique et une intention d'ordre économique.

IL N'EXISTE AUCUN EFFET DEMONTRE QUI SOIT NEGATIF sur la valeur économique des œuvres originales dans lesquelles nous puisons nos matériaux, ou aucun impact sur le revenu de l'artiste auteur de l'œuvre original, ou même sur son statut culturel. Citer une œuvre, l'invoquer par le fragment, est au minimum susceptible d'avoir un effet positif dans les domaines concernés (l'usage du sample dans le RAP ou le HIP HOP a joué un grand rôle dans le second souffle de la carrière d'un musicien comme James Brown, et ce qu'il a fait c'est de les traîner en procès!)

LE BESOIN DE REALISER quelquechose à partir d'autres choses est une impulsion qui est tout-à-fait traditionnelle, socialement saine, et artistiquement viable, qui n'a été que récemment criminalisée , pour forcer à payer des droits privés pour cette pratique (ou pour l'interdire de façon à s'en débarrasser) Ces verrous privés systématiques en ce qui concerne les médias de masse ont abouti à une culture de masse qui s'est presque entièrement "professionnalisée", formalisée, et qui est pratiquement immunisée contre toute approche participative ( *bottom up), toute critique directe qui n'aurait pas son aval.

DANS LES TRIBUNAUX, le principe le plus souvent adopté, celui selon lequel " si ce n'est pas motivé par le profit, l'usage ne peut en être juste", constitue un préjugé égoïste imbécile, et malavisé à l'encontre de la lutte pour la survie d'un art neuf. Toute réalisation dans le domaine des médias (comme dans n'importe quel domaine) a un coût, et un coût important. Il faut pour créer, dupliquer et diffuser quelquechose, quoi que ce soit, des investissements substantiels qui sont à la fois des investissements initiaux et dans le temps; il faut aussi se procurer certains biens manufacturés. Le fait pour les tribunaux d'avoir si facilement recours au standard de pensée qu'un usage juste est désinteressé en termes de profit montre que ceux-ci ignorent la réalité pour les artistes, quel que soit leur parti, d'avoir à financer leur travail et à se financer eux-mêmes, grâce à un retour d'investissement, comme pour tout un chacun. Ce standard de non-profit, qui s'applique actuellement, doit simplement assurer que cet usage sans profit sera la chasse gardée de seuls ceux auront un financement indépendant. Si la société accorde de la valeur aux dimensions d'émulation et de transformation des œuvres critiques et éthiques qui s'affirment dans l'effervescence de la pensée indépendante, celle des bases, la loi ne devrait pas faire preuve de tolérance à l'égard de ces tentatives d'étouffement de telles œuvres, en leur refusant la survie économique dans notre marché informel de libre échange.

NOUS PENSONS que la liberté artistique pour tout un chacun est plus importante pour la santé de notre société que les revenus additionnels et superfétatoires qui découlent des péages des copyrights privés, ces derniers générant un climat culturel de contrôle artistique et de Police de l'Art. Aussi valables qu'aient pu être au départ les intentions de nos lois sur la propriété intellectuelle, elles sont désormais clairement perverties lorsqu'utilisées dans le contexte d'œuvres aux prises avec la censure, visant à éliminer chez le public le besoin de recycler l'information en lui donnant une forme nouvelle, et et à réunir des fonds d'une façon purement opportuniste en interdisant l'usage public de ressources déjà diffusées qui sont en réalité déjà disponibles pour tous. La constitution américaine montre clairement que l'intention originelle des lois sur la propriété intellectuelle était celle de promouvoir le bien public, et non de garder les biens privés. Nul ne saurait s'autoriser à réclamer un contrôle privé sur le processus créatif en soi. Cette lutte est essentiellement celle de l'art contre le business, et elle a finalement à voir avec la question de savoir lequel doit en définitive prendre le pas sur l'autre.

http://deoxy.org/negativland-tenets.htm

Wednesday, March 13, 2013

Jack Parsons Les Sorciers

Nous sommes les sorciers. Nous sommes l'organisation la plus ancienne au monde. Lorsque naquit l'homme, nous étions là. Nous entonnâmes au berceau le premier des chants. Nous guérissâmes la première des blessures, réconfortâmes la première des terreurs. Contre les Ténèbres nous fûmes les Gardiens, Auxilliaires du versant de la Main Gauche. De nous se souviennent les pétroglyphes pyrénéens, les images des tablettes d'argiles, façonnées de desseins anciens quand le Monde était neuf. Notre main se posa dans les cercles de Pierre, sur les Monolithes, les dolmens, et les chênes druidiques. Nous chantâmes les premiers chants de chasse, nous fîmes pousser les premiers champs cultivés; quand l'homme se tenait nu, debout, face aux Forces qui l'ont fait, nous chantâmes les premiers hymnes de merveille et de terreur. Parmi les Pyramides nous avons connu l'idylle, nous avons vu l'empire et le déclin de l'Égypte, nous avons régi des territoires de Chaldée et de Babylone, ou ceux des rois mages. Nous avons siégé dans les assemblées secrètes en Israël, et dansé les danses sauvages comme les danses rituelles dans les bosquets sacrés en Grèce.

En Chine et au Yucatan, au Kansas et au Kurdistan nous ne faisons qu'un. Toutes les organisations ont entendu parler de nous, pourtant nulle organisation ne se rattache à nous, car lorsqu'il y a une trop grande organisation nous nous en allons. Nous sommes du côté de l'homme, de la vie; du côté de l'individu. C'est pourquoi nous sommes contre toute religion, toute morale ou tout gouvernement. C'est pourquoi notre nom est Lucifer. Nous sommes du côté de la liberté, de l'amour, de la joie et des rires, du côté de l'ivresse divine. C'est pourquoi notre nom est Babalon.

Nous nous mouvons, parfois ouvertement, parfois dans le silence et le secret. Le jour et la nuit ne forment pour nous qu'une seule et même chose, le calme et l'orage, les cycles et les saisons des hommes, toutes ces choses ne font qu'un, car nous nous trouvons aux origines. Nous nous tenons, dans l'imploration, face aux Pouvoirs de Vie et de Mort, et ces Pouvoirs nous entendent, et nous portent secours. Notre voie est la voie du secret, notre direction est l'inconnu. Notre voie est celle du serpent dans les broussailles, notre savoir se loge dans les yeux des femmes et des chèvres.

C'est du pouvoir qui est le nôtre que parfois se glissent dans le sein de l'homme des rivières de joyaux ou d'imposantes roues dentelées; notre Pouvoir ne fait qu'un avec le Pouvoir qui fait que le Dieu s'agite au cœur de la graine, et que le bourgeon éclot pour se faire fleur et s'épanouir en fruit; et à chaque fois qu'un homme et une femme connaissent l'union en une seule et même substance, cette substance, c'est ce qu'est notre pouvoir.

Merlin fût l'un des nôtres, et Gauvain et Arthur, et Rabelais et Catulle, et Gilles de Rets et Jeanne d'Arc, et Jacques de Molay, John Dee, Cagliostro, Francis Hepburn et Gellis Duncan, et Swinburne et Eliphas Levi et nombre d'autres bardes, mages, poètes, martyrs notoires ou inconnus ayant porté notre étendard contre l'ennemi multiforme et omniprésent, l’Église ou l’État/ Et lorsque cette vermine de l'Enfer dénommé Église Chrétienne ont maintenu l'Occident tout entier sous le joug du péché, de la terreur et de la Mort, nous et nous seuls avons apporté l'espoir dans le cœur de l'homme, malgré les donjons et le bûcher.



Nous sommes les sorciers, et sans pourtant nous connaître les uns les autres un lien nous unit et ce lien est indissoluble. Et lorsque résonne en votre esprit le cri de l'aigle, ce cri haut et sauvage, sachez qu'en votre désir de liberté vous n'êtes pas tous seuls. Et lorsqu'en les forêts de nos nuits retentit le hurlement du loup, sachez que vous n'êtes pas les seuls à rôder. Et lorsque les actes de vos contemporains vous semblent être le fait de l'imbécilité et de la folie; sachez que d'autres ont vu, ont jugé, et ont pris des mesures.

Sachez à présent que le pouvoir que nous servons réside en le cœur de chaque homme et de chaque femme comme dans la graine l'arbre vit déjà. Et pour être avec nous, il vous faut invoquer ce pouvoir, alors vous êtes des nôtres. Et lorsque vous ont rejoint cette Joie et ce Pouvoir vous pouvez allez de l'avant et agir parmi les hommes selon la volonté qui est la vôtre, nul alors ne saura vous dire non. Et si c'était votre volonté, vous pourrez la mettre en œuvre en secret cette volonté, et si c'était votre volonté, vous pourriez le faire aux yeux de tous, selon votre volonté.

Alors élevez donc votre cœur en disant "Je suis un homme" ou "Je suis une femme, et le Pouvoir de Vie m'appartient!" Alors vous aimerez et vivrez le Pouvoir de Vie, et il ne sera aucune restriction que vous pourrez accepter ni établir, votre vie sera libre et votre vie sera libératrice. Et peut-être, dans ce que la vie a de plus grand, verrez vous l'amour de la vie briller dans les yeux de quelqu'un d'autre et le désir de vie resplendir sur son front ainsi vous connaîtrez ensemble une grande joie. Peut-être aurez vous la chance de trouver et partager votre joie dans le secret de vos fêtes et de vos réjouissances et toutes sortes de célébrations d'amour physique. Ou peut-être dans le risque et le danger aux hommes vous enseignerez ce pouvoir de joie; comme vous en inclinera votre volonté.

Et c'est très bien tant que vous ne perdez pas de vue une seule chose. Il n'y a nulle restriction qui tienne. Le Pouvoir de Vie ne connaît aucune restriction; il n'a qu'une seule voie, la sienne, et nul esprit ne saurait la connaître. Alors pratiquez donc pour vous-mêmes le fait de prendre et de donner la liberté en accord avec la vie, ce n'est qu'ainsi que vous pourrez demeurez dans la Joie qui est la nôtre.

La douleur existe. La Terreur existe, la solitude et la perte aussi, l'agonie existe celle du cœur et de l'esprit aussi et même jusque la Mort existe. Car ceci est la porte du Royaume de Pan.

Notre voie ne peut pas s'ouvrir à tous les hommes. Certains sont en eux-mêmes si mal et si contraints que la seule pensée de leur propre liberté leur fait horreur, et que celle des autres leur cause de féroces tourments; ce qui fait que tous les hommes pourraient être à leur merci, s'ils le pouvaient. Et ceux-là il faut les fuir, voire s'il le faut les détruire, et cela vous savez comment, car c'est aussi ce que la Vie a de grand.

Ne pensez pas non plus que le pouvoir de Vie se manifeste aussi chez ceux qui ne vivent qu'un calme tranquille, car il se peut que ce ne soit que des innocents qui ne vivent pas leur temps, ou du bétail imbécile. Ce pouvoir a plutôt tendance à se montrer là où les conflits font rage, puisqu'à chaque fois, et à plus forte raison dans des civilisations de fausseté, il faut faire son chemin. Il n'est de pire désastre que la rédition. De l'autre côté de la balance, un chant au grand soleil, une danse au clair de lune, là où se dissipent tous les brouillards. Mais il faut faire son chemin.

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