Wednesday, March 13, 2013

Jack Parsons Les Sorciers

Nous sommes les sorciers. Nous sommes l'organisation la plus ancienne au monde. Lorsque naquit l'homme, nous étions là. Nous entonnâmes au berceau le premier des chants. Nous guérissâmes la première des blessures, réconfortâmes la première des terreurs. Contre les Ténèbres nous fûmes les Gardiens, Auxilliaires du versant de la Main Gauche. De nous se souviennent les pétroglyphes pyrénéens, les images des tablettes d'argiles, façonnées de desseins anciens quand le Monde était neuf. Notre main se posa dans les cercles de Pierre, sur les Monolithes, les dolmens, et les chênes druidiques. Nous chantâmes les premiers chants de chasse, nous fîmes pousser les premiers champs cultivés; quand l'homme se tenait nu, debout, face aux Forces qui l'ont fait, nous chantâmes les premiers hymnes de merveille et de terreur. Parmi les Pyramides nous avons connu l'idylle, nous avons vu l'empire et le déclin de l'Égypte, nous avons régi des territoires de Chaldée et de Babylone, ou ceux des rois mages. Nous avons siégé dans les assemblées secrètes en Israël, et dansé les danses sauvages comme les danses rituelles dans les bosquets sacrés en Grèce.

En Chine et au Yucatan, au Kansas et au Kurdistan nous ne faisons qu'un. Toutes les organisations ont entendu parler de nous, pourtant nulle organisation ne se rattache à nous, car lorsqu'il y a une trop grande organisation nous nous en allons. Nous sommes du côté de l'homme, de la vie; du côté de l'individu. C'est pourquoi nous sommes contre toute religion, toute morale ou tout gouvernement. C'est pourquoi notre nom est Lucifer. Nous sommes du côté de la liberté, de l'amour, de la joie et des rires, du côté de l'ivresse divine. C'est pourquoi notre nom est Babalon.

Nous nous mouvons, parfois ouvertement, parfois dans le silence et le secret. Le jour et la nuit ne forment pour nous qu'une seule et même chose, le calme et l'orage, les cycles et les saisons des hommes, toutes ces choses ne font qu'un, car nous nous trouvons aux origines. Nous nous tenons, dans l'imploration, face aux Pouvoirs de Vie et de Mort, et ces Pouvoirs nous entendent, et nous portent secours. Notre voie est la voie du secret, notre direction est l'inconnu. Notre voie est celle du serpent dans les broussailles, notre savoir se loge dans les yeux des femmes et des chèvres.

C'est du pouvoir qui est le nôtre que parfois se glissent dans le sein de l'homme des rivières de joyaux ou d'imposantes roues dentelées; notre Pouvoir ne fait qu'un avec le Pouvoir qui fait que le Dieu s'agite au cœur de la graine, et que le bourgeon éclot pour se faire fleur et s'épanouir en fruit; et à chaque fois qu'un homme et une femme connaissent l'union en une seule et même substance, cette substance, c'est ce qu'est notre pouvoir.

Merlin fût l'un des nôtres, et Gauvain et Arthur, et Rabelais et Catulle, et Gilles de Rets et Jeanne d'Arc, et Jacques de Molay, John Dee, Cagliostro, Francis Hepburn et Gellis Duncan, et Swinburne et Eliphas Levi et nombre d'autres bardes, mages, poètes, martyrs notoires ou inconnus ayant porté notre étendard contre l'ennemi multiforme et omniprésent, l’Église ou l’État/ Et lorsque cette vermine de l'Enfer dénommé Église Chrétienne ont maintenu l'Occident tout entier sous le joug du péché, de la terreur et de la Mort, nous et nous seuls avons apporté l'espoir dans le cœur de l'homme, malgré les donjons et le bûcher.



Nous sommes les sorciers, et sans pourtant nous connaître les uns les autres un lien nous unit et ce lien est indissoluble. Et lorsque résonne en votre esprit le cri de l'aigle, ce cri haut et sauvage, sachez qu'en votre désir de liberté vous n'êtes pas tous seuls. Et lorsqu'en les forêts de nos nuits retentit le hurlement du loup, sachez que vous n'êtes pas les seuls à rôder. Et lorsque les actes de vos contemporains vous semblent être le fait de l'imbécilité et de la folie; sachez que d'autres ont vu, ont jugé, et ont pris des mesures.

Sachez à présent que le pouvoir que nous servons réside en le cœur de chaque homme et de chaque femme comme dans la graine l'arbre vit déjà. Et pour être avec nous, il vous faut invoquer ce pouvoir, alors vous êtes des nôtres. Et lorsque vous ont rejoint cette Joie et ce Pouvoir vous pouvez allez de l'avant et agir parmi les hommes selon la volonté qui est la vôtre, nul alors ne saura vous dire non. Et si c'était votre volonté, vous pourrez la mettre en œuvre en secret cette volonté, et si c'était votre volonté, vous pourriez le faire aux yeux de tous, selon votre volonté.

Alors élevez donc votre cœur en disant "Je suis un homme" ou "Je suis une femme, et le Pouvoir de Vie m'appartient!" Alors vous aimerez et vivrez le Pouvoir de Vie, et il ne sera aucune restriction que vous pourrez accepter ni établir, votre vie sera libre et votre vie sera libératrice. Et peut-être, dans ce que la vie a de plus grand, verrez vous l'amour de la vie briller dans les yeux de quelqu'un d'autre et le désir de vie resplendir sur son front ainsi vous connaîtrez ensemble une grande joie. Peut-être aurez vous la chance de trouver et partager votre joie dans le secret de vos fêtes et de vos réjouissances et toutes sortes de célébrations d'amour physique. Ou peut-être dans le risque et le danger aux hommes vous enseignerez ce pouvoir de joie; comme vous en inclinera votre volonté.

Et c'est très bien tant que vous ne perdez pas de vue une seule chose. Il n'y a nulle restriction qui tienne. Le Pouvoir de Vie ne connaît aucune restriction; il n'a qu'une seule voie, la sienne, et nul esprit ne saurait la connaître. Alors pratiquez donc pour vous-mêmes le fait de prendre et de donner la liberté en accord avec la vie, ce n'est qu'ainsi que vous pourrez demeurez dans la Joie qui est la nôtre.

La douleur existe. La Terreur existe, la solitude et la perte aussi, l'agonie existe celle du cœur et de l'esprit aussi et même jusque la Mort existe. Car ceci est la porte du Royaume de Pan.

Notre voie ne peut pas s'ouvrir à tous les hommes. Certains sont en eux-mêmes si mal et si contraints que la seule pensée de leur propre liberté leur fait horreur, et que celle des autres leur cause de féroces tourments; ce qui fait que tous les hommes pourraient être à leur merci, s'ils le pouvaient. Et ceux-là il faut les fuir, voire s'il le faut les détruire, et cela vous savez comment, car c'est aussi ce que la Vie a de grand.

Ne pensez pas non plus que le pouvoir de Vie se manifeste aussi chez ceux qui ne vivent qu'un calme tranquille, car il se peut que ce ne soit que des innocents qui ne vivent pas leur temps, ou du bétail imbécile. Ce pouvoir a plutôt tendance à se montrer là où les conflits font rage, puisqu'à chaque fois, et à plus forte raison dans des civilisations de fausseté, il faut faire son chemin. Il n'est de pire désastre que la rédition. De l'autre côté de la balance, un chant au grand soleil, une danse au clair de lune, là où se dissipent tous les brouillards. Mais il faut faire son chemin.

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