Tuesday, May 11, 2010

Dessin Automatique, par Austin Osman Spare et Frederic Carter

publié à l'origine dans FORM MAGAZINE Vol. 1 No. 1, April 1916




De la chair de nos mères viennent les rêves et les souvenirs des Dieux. Il existe pour l'artiste une pression continuelle, d'un genre autre que la stimulation habituelle de l'intérêt et de l'augmentation de l'habileté, dont ce dernier est parfois partiellement conscient, mais rarement totalement. Il apprend tôt ou tard dans sa carrière que le pouvoir de la reproduction littérale (comme avec l'appareil photo) ne lui est guère utile. Il est obligé de déterminer, à partir des artistes qui l'ont précédé, l'existence, dans la représentation de formes réelles, de substitution d'exactitudes immédiates; il découvre en lui une conscience sélective et il est normalement satisfait, dans de larges mesures, par le vaste champ ouvert par cette conscience élargie et simplifiée. Pourtant, au delà, il est une zone d'exploration, qui est plus grande. La compréhension objective, comme nous le voyons, doit être attaquée par l'artiste qui doit utiliser une méthode subconsciente, pour la correction et la précision de sa vision. Ce ne sont ni l'habileté visuelle ni la conscience des erreurs qui produiront un bon dessin; on l'a d'ailleurs vu récemment avec le livre de dessins d'un peintre réputé. Ici il est possible de faire une comparaison entre les maîtres de l'art de dessiner, et ce qui fait un peintre auteur, l'un vis-à-vis de l'autre, en examinant la futilité de ce qui est de la simple technique et de la motivation. Il s'ensuit que pour aller plus loin, il est nécessaire de se débarrasser aussi du "sujet" de l'art (parlant du sujet dans sa dimension picturale ou dans le sens complexe du terme). Ainsi, écarter du mental ce qui n'est pas essentiel permet, au travers d'un médium clair et transparent et sans influence autre, les formes et les idées les plus définies pour parvenir à l'expression.



Notes sur le dessin automatique


Le griffonnage "automatique" de lignes qui se tordent et s'entrelacent permet à une idée du subconscient, en germe,de s'exprimer, ou du moins de se suggérer dans la conscience. On peut, de cette masse de formes procréatives, parsemée d'idées trompeuses, sélectionner un faible embryon d'idée que l'on entrainera jusqu'à parvenir jusqu'à sa pleine croissance et puissance. Par ces moyens, on peut puiser dans les profondeurs les plus reculées de la mémoire et canaliser les printemps de l'instinct.

Pourtant ne pensons pas pour autant qu'une personne qui n'est pas artiste puisse par ces moyens en devenir un : mais tous ces artistes qui sont gênés dans leur expression, se sentant limités par la dureté des conventions du jour et qui souhaitent la liberté sans l'avoir encore atteinte, pourraient trouver en elles un libre arbitre et une puissance qu'il leur seraient impossible de trouver ailleurs. Ainsi écrit Léonard de Vinci : " Entre autre choses, je n'aurais aucun scrupule à découvrir une méthode nouvelle qui assiste les inventeurs à leur tâche, qui bien qu'en apparence insignifiante, pourrait pourtant rendre un service considérable à l'esprit ouvert en le mettant sur la piste de pensées nouvelles, ce qui veut dire : si vous regardez un vieux mur couvert de poussière, ou l'apparence étrange de pierre tachetées, vous pourriez découvrir différentes choses comme des paysages, des batailles, des nuages, des attitudes d'original, des draperies, etc.. L'esprit sera en permanence fourni en sujets et en schémas par cette masse confuse d'objets."




Par un autre, écrivain mystique : " Renonce à ta volonté que la loi de Dieu puisse être en toi."




L'expression curieuse de la personnalité donnée au travers de l'écriture manuscrite est dû à la nature automatique ou subconsciente que l'écriture acquière par habitude. Donc le dessin automatique, l'un des phénomènes psychiques les plus simples, est un moyen d'expression de la personnalité, et si on l'utilise avec courage et honnèteté, un moyen d'enregistrer les activités subconscientes dans l'esprit. Les mécanismes mentaux utilisés sont ceux qui sont communs dans les rêves, et qui créent des perceptions rapides de relations dans l'inattendu, comme trait d'esprit, et comme symptômes psycho-neurotiques. De là il apparaît que la conscience, si elle est in-conscience ou alors entièrement conscience, est une condition essentielle et que comme dans toute inspiration elle est le produit d'une involution et non d'une invention.

L'automatisme étant la manifestation de désirs latents (ou souhaits), la signification des formes (les idées) obtenues représente les obsessions auparavant non enregistrées.

L'art devient, de par ce pouvoir extatique ou illuminisme, une activité fonctionnelle exprimant le désir qui au lieu se tourner vers l'expérience, se tourne vers une joie non modifiée _ au sens de la Mère de toutes choses.



Ce moyen d'expression vitale libère les vérités fondamentales statiques, réprimées dans l'éducation et par le poids des coutumes et habitudes, qui reposent en sommeil en l'esprit. C'est le moyen de devenir courageusement individu ; cela implique de la spontanéité et éloigne la cause de l'inquiétude et de l'ennui.

Les dangers de cette forme d'expression proviennent des préjugés et des biais personnels d'une telle nature lorsqu'elle est figée en convictions intellectuelles ou religion personnelle (intolérance). Celles-ci produisent des idées de menace, de déplaisir ou de peur, et deviennent des obsessions.

Dans la condition extatique de révélation par le subconscient, l'esprit élève les pouvoirs de nature sexuelle ou hérités (cela ne se réfère pas à la théorie ou la pratique morale) et donne moins d'importance aux qualités intellectuelles. Ainsi une responsabilité atavistique (l'atavisme est l'identification aux ancêtres, NdT) nouvelle est atteinte, en osant croire _ posséder sa croyance à soi_ sans tenter de rationaliser des idées biaisées provenant de sources intellectuelles souillées de préjugés.



On peut parvenir au dessin automatique par des méthodes comme concentrer dans un SIGIL par tout moyen d'épuiser le corps et l'esprit de façon plaisante de façon à obtenir une condition de non-conscience _ porter son souhait à l'opposer du désir réel après avoir acquis une impulsion organique vers le dessin.
La Main doit être entraînée pour travailler librement et sans contrôle, en pratique en faisant des formes simples avec une ligne continue n'impliquant aucune arrière pensée, c'est-à-dire dont l'intention devrait juste échapper à la conscience.

Il faudrait dessiner en laissant la main courir librement avec le moins de délibération possible. Dans le temps les formes se trouveront évoluer, suggérant des conceptions, des formes et finalement auront un style personnel ou individuel.

L'esprit dans un état d'oubli, sans désir de réflexions ou poursuite de suggestions intellectuelles matérialistes, est en condition de produire des dessins réussis, symboliques en sens et en sagesse, à partir de son idée personnelle.

Par ces moyens il est possible de visualiser la sensation.

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